Si vous étiez un professionnel des médias, vous vous battriez pour que votre émission obtienne de fortes audiences, soit positivement en vous concentrant sur la qualité du contenu présenté, soit négativement en discutant de sujets controversés ou en réagissant de manière inhabituelle, certaines réactions pouvant être au-delà des limites de la décence. Mais ces actions peuvent-elles aller jusqu’à enfreindre la loi et commettre des meurtres pour augmenter les audiences ? La réponse vient du Brésil, où en 2009, un animateur de télévision de renom a été arrêté et accusé d’inciter à des meurtres pour les couvrir exclusivement dans son émission et attirer plus de téléspectateurs.

Alors que la fumée se dégageait encore d’un corps carbonisé dans l’une des villes les plus dangereuses du Brésil, un animateur et son équipe sont arrivés sur les lieux et ont commencé à fournir des détails macabres sur le crime en direct, affirmant que l’homme avait été brûlé vif après que de l’essence ait été versée sur lui et enflammée. Ce qui était étrange, c’est qu’il décrivait des détails difficiles à connaître rien qu’en regardant le corps calciné, nécessitant des examens approfondis par des experts.

Ce récit détaillé a suscité des suspicions parmi la police brésilienne, qui a commencé à enquêter sur comment un animateur de renom comme Wallace Souza pouvait connaître de tels détails. Finalement, ils ont trouvé des preuves que l’animateur avait planifié des meurtres à travers la ville de Manaus, sur les rives du fleuve Amazone, pour les couvrir dans son émission sur Canal Livre et augmenter l’audience. Son émission était un étrange mélange d’humour et de crimes horribles, où Souza et son équipe suivaient les meurtres à travers la ville, arrivant souvent sur les lieux du crime avec la police et diffusant des images brutales des victimes, participant parfois même aux raids policiers.

L’émission était extrêmement populaire, devenant la plus regardée à Manaus, et elle a été diffusée pendant 30 ans, de 1989 à sa suspension en 2009. Le programme a aidé Souza à obtenir une renommée suffisante pour remporter des mandats publics trois fois en tant que législateur d’État, connu comme l’homme qui a courageusement et sans relâche affronté les meurtriers, les ravisseurs et les trafiquants, malgré les risques personnels.

Les suspicions de la police à l’égard de Souza ont grandi après qu’un ancien policier nommé Moa Jorge ait confessé, après avoir été arrêté et accusé d’avoir tué neuf personnes, qu’il avait été engagé par Wallace Souza et son fils pour inciter à ces meurtres brutaux pour l’émission. Pour donner crédibilité à sa confession, il a mentionné un clip choquant sur Canal Livre concernant le corps carbonisé, où Souza avait décrit les détails avec précision, affirmant que le fils, Rafael, était responsable de cela sur ordre de son père. En raison de la gravité de ces confessions, un mandat de perquisition a été délivré pour la maison du célèbre animateur, où il vivait avec son fils Rafael. Lors de la perquisition, 200 000 dollars en espèces, une arme à feu et diverses munitions ont été trouvés dans la chambre de Rafael, qui seraient utilisés pour les meurtres dans toute la ville. De plus, des morceaux de papier avec les noms de trafiquants de drogue, dont certains avaient déjà été tués, ont été découverts, ressemblant à une liste de victimes.

Naturellement, Rafael a été arrêté et accusé de meurtre et de trafic de drogue. Quant à Wallace Souza, il a nié avoir rencontré Jorge ou être impliqué dans des crimes, mais malgré ses dénégations, il y avait de nombreuses preuves contre lui, y compris des photographies le montrant avec Jorge. En raison de ces accusations et preuves documentées, il a été destitué de son poste en octobre 2009 et accusé de meurtre, de trafic de drogue, d’intimidation des témoins, de possession illégale d’armes et de formation d’une organisation criminelle. Un mandat d’arrêt a été émis contre lui, mais il a disparu, ce qui a poussé la police à le chercher. Il est rapidement réapparu et s’est rendu, tout en maintenant son innocence.

Souza a été détenu dans la prison de haute sécurité de Compaj, mais est décédé d’une crise cardiaque en 2010 à l’âge de 51 ans avant de pouvoir comparaître devant le tribunal. Quant à son fils Rafael, il a été condamné à neuf ans de prison, dont il a purgé cinq ans pour meurtre avant d’être libéré. L’ancien policier Jorge a été arrêté et emprisonné, mais en 2017, il a été abattu et brûlé vif dans sa cellule lors d’une émeute à la prison de Compaj, qui a entraîné la mort de 56 détenus.

Jusqu’à aujourd’hui, le débat continue sur la culpabilité ou l’innocence de Wallace Souza. Tandis que son fils Rafael et ses partisans insistent sur le fait que les accusations étaient infondées, la police affirme être absolument certaine de ses accusations et enquêtes, laissant l’affaire en suspens, surtout après la mort de Jorge, le seul témoin dans cette affaire.