Si nous plongeons dans l’histoire des matchs de football, nous tombons inévitablement sur le 21 novembre 1945, un jour marqué par l’un des matchs les plus bizarres jamais vus entre le club anglais Arsenal et l’équipe soviétique Dynamo Moscou. Bien que ce fût un match amical, il fut caractérisé par de nombreuses violations flagrantes des règles, profitant du brouillard dense qui enveloppait le stade et surprenant les arbitres, ce qui en fait probablement le match le plus étrange de l’histoire.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Royaume-Uni était encore soumis à certaines restrictions, dont la suspension des compétitions sportives. La Ligue de football anglaise ne reprit qu’en 1946, ce qui créa une demande importante parmi les citoyens britanniques pour tout type de football, même les matchs amicaux. En réponse, la Fédération anglaise de football organisa plusieurs matchs amicaux impliquant des clubs anglais contre Dynamo Moscou, qui faisait une tournée en Grande-Bretagne après avoir remporté la ligue soviétique.
Le premier match, contre Chelsea, fut marqué par un jeu rugueux de la part de l’équipe visiteuse et un manque de sérieux des joueurs anglais, se terminant par un match nul 3-3. Dynamo Moscou affronta ensuite Cardiff, une équipe de troisième division, et l’écrasa avec une victoire 10-1. Ils se préparèrent ensuite à affronter Arsenal, le champion anglais des années 1930, lors d’un match joué le 21 novembre 1946 au stade de Tottenham Hotspur (le terrain d’Arsenal étant utilisé pour les efforts de guerre). Le match fut arbitré par l’officiel soviétique Nikolai Latyshev, assisté de deux arbitres anglais.
Le match se déroula dans un épais brouillard, rendant la visibilité extrêmement difficile pour les arbitres, les joueurs et les spectateurs, contribuant à la nature particulière de la rencontre. Étant donné le brouillard épais, il aurait été logique que l’arbitre reporte le match jusqu’à ce que les conditions s’améliorent. Cependant, il insista pour commencer, ce qui conduisit à l’un des matchs les plus étranges de l’histoire du football.
Les spectateurs rapportèrent avoir vu quatre joueurs supplémentaires de Dynamo Moscou entrer sur le terrain sans être remarqués par l’arbitre. Les responsables d’Arsenal confirmèrent qu’il y avait 12 joueurs de Dynamo Moscou sur le terrain, ce qui conduisit à une suspension temporaire du match jusqu’à ce qu’un joueur soit expulsé pour rendre le nombre légal. Malgré cette violation grave des règles par les visiteurs, Arsenal suivit bientôt le même chemin : après que l’attaquant anglais George Drury fut expulsé avec un carton rouge, il réapparut discrètement sur le terrain pour continuer à jouer. De plus, il a été rapporté qu’un spectateur avait dû se substituer au gardien de but d’Arsenal après que ce dernier fut blessé par une collision avec le poteau.
Le match vit de nombreuses blessures dues à des jeux intentionnellement rugueux de la part des deux équipes. Le joueur anglais Ronnie Rock subit une grave blessure à la tête, tandis que le capitaine de Dynamo Vitaly Simichastny reçut un coup dans l’œil, tout cela se produisant pendant les nombreux incidents non observés par l’arbitre. Le match se termina sur un score de 4-3 en faveur de Dynamo Moscou, avec le quatrième but, marqué par Vasily Popov, entraînant un tollé chez les joueurs d’Arsenal qui prétendaient qu’il était hors-jeu. Le manager d’Arsenal, George Allison, proposa au secrétaire de l’ambassade soviétique d’annuler ce but pour mettre fin à cette absurdité, mais leur protestation fut rejetée et le but fut validé.
Le match, bien qu’ayant pris fin comme l’un des plus étranges de l’histoire, n’était pas exempt de bizarreries supplémentaires. Même avant le début du match, il fut découvert qu’Arsenal avait engagé des internationaux anglais de premier plan pour jouer, ce qui conduisit les joueurs de Dynamo Moscou à se plaindre d’avoir affronté l’équipe nationale anglaise plutôt qu’Arsenal. Une autre révélation surprenante fut que tous les joueurs de Dynamo Moscou ne faisaient pas partie de la même équipe ; certains jouaient pour d’autres clubs en Union soviétique.
Le match fut décrit par l’écrivain George Orwell comme ayant aggravé les relations soviéto-britanniques plutôt que de les améliorer, reflétant la tension politique persistante qui pourrait avoir été exacerbée par le jeu.