Lorsque vous visitez un pays ou une ville étrangère, vous pouvez rencontrer des lois et des règlements très différents de ceux de votre pays d’origine. Ces différences peuvent être dues à des facteurs liés à l’emplacement, à l’environnement ou aux coutumes et traditions des habitants locaux. Parfois, ces lois peuvent être extrêmes ou sembler illogiques. C’est le cas avec la petite ville de Longyearbyen, située dans l’archipel de Svalbard, au nord de la Norvège, où la mort est interdite depuis les années 1950. Dans ce cadre unique, la mort n’est pas permise sur ses terres, et si l’on suspecte qu’un résident est sur le point de mourir, il doit être transporté immédiatement vers le continent.
Le concept d’interdiction de la mort dans certains lieux n’est pas entièrement nouveau. Dès le 5e siècle avant J.-C., il était déclaré que mourir sur l’île de Délos en Grèce était interdit car c’était un site sacré. Même aujourd’hui, il existe quelques villes dans le monde qui interdisent la mort, comme la ville d’Itsukushima au Japon, bien que ces interdictions soient souvent fondées sur des raisons spirituelles. En revanche, l’interdiction de la mort à Longyearbyen repose sur des raisons pratiques liées à son climat. Située au-dessus du cercle arctique, la ville connaît des températures extrêmement basses, souvent descendantes à -15°C et parfois même à -32°C. Ces conditions glaciales signifient que le sol et tout ce qui y est enterré restent perpétuellement gelés, empêchant la décomposition naturelle des corps même lorsque les températures remontent pendant l’été.
L’incapacité de se décomposer naturellement crée des défis importants pour la gestion de l’espace et le stockage des défunts. De plus, si un corps reste parfaitement conservé, tout virus ou maladie qu’il porte pourrait rester actif et se propager parmi la population vivante, posant ainsi un risque pour la sécurité. Cette préoccupation est devenue particulièrement évidente en 1950 lorsque les résidents locaux ont découvert que le pergélisol empêchait une décomposition correcte. Craignant la propagation potentielle de maladies, ils ont décommissionné le cimetière de la ville et interdit la mort à Longyearbyen. Cette décision a été confirmée dans les années 1990 lorsque des scientifiques ont examiné des corps exhumés du pergélisol et ont découvert qu’une victime de la pandémie de grippe espagnole de 1918 portait encore le même virus mortel en état actif. Ce scénario a souligné le risque que, si le pergélisol venait à dégeler—peut-être à cause du réchauffement climatique—le virus pourrait infecter toute la ville. Étant donné que ce virus avait auparavant décimé environ 5 % de la population mondiale en 1918, l’idée d’interdire la mort à Longyearbyen semble entièrement rationnelle.
Beaucoup se demandent ce qui se passe si quelqu’un meurt à Longyearbyen et ne peut pas être transporté ailleurs. Dans de tels cas, le défunt est incinéré, et les cendres sont enterrées dans une urne funéraire. Cependant, ce processus est quelque peu compliqué car il nécessite un permis des autorités.
La vie à Longyearbyen est en général difficile, avec une population d’environ 2 300 résidents, dont la plupart travaillent dans l’extraction minière et du charbon. La ville connaît une absence totale de lumière du soleil pendant quatre mois en hiver, et les ours polaires peuvent être une menace si l’on s’éloigne trop de la ville. Par conséquent, toute personne quittant la ville doit être armée. De plus, le froid peut être si sévère que les enfants ont du mal à se déplacer, et les chats sont interdits dans la région du Svalbard pour protéger les espèces d’oiseaux locales. Compte tenu de ces conditions sévères, l’interdiction de la mort peut sembler être l’un des défis mineurs auxquels ses habitants sont confrontés.