L’électricité est l’une des plus grandes découvertes de l’humanité, marquant un saut transformateur dans la civilisation. Bien que ses avantages soient indéniables, l’électricité présente également des dangers considérables, notamment lorsqu’elle est expérimentée directement. Une telle exposition peut provoquer des chocs graves, parfois fatals. Avec le temps, alors que notre compréhension de cette puissante force s’approfondissait, l’humanité a appris à maîtriser l’électricité de manière sûre et efficace. Cette évolution des connaissances contraste fortement avec les perceptions antérieures, où l’électricité était souvent considérée comme une force magique capable de guérisons miraculeuses. Cette vision a persisté jusqu’au milieu du 19e siècle, lorsque le scientifique autrichien Isaac Pulvermacher inventa la ceinture à électrochocs – un dispositif conçu pour traiter diverses maladies par des courants électriques.
Au milieu du 19e siècle, la ceinture à électrochocs fit ses débuts à la Grande Exposition de Londres, au Royaume-Uni, en 1851. Cette invention, constituée d’une série de batteries et d’électrodes, envoyait un courant électrique à travers le corps du porteur et était présentée comme un remède pour de nombreuses affections, notamment les migraines, l’anxiété, la dépression, les troubles digestifs, la constipation, la goutte, et même le manque de confiance en soi. Le modèle le plus célèbre de Pulvermacher était connu sous le nom de « Ceinture Galvanique à Chaîne Pulvermacher », bien que d’autres versions soient apparues sous des noms tels que « Edison », « Owen » et « Heidelberg » après que les droits de brevet ont été obtenus.
Fabriquée en cuivre, zinc, bois et cuir, la ceinture était accompagnée d’un manuel d’instructions de 32 pages et de témoignages de clients satisfaits. Pesant environ un kilogramme, elle comportait une série de batteries portées autour des zones problématiques telles que la tête, les pieds ou l’abdomen. La ceinture promettait d’aider les utilisateurs à surmonter les maladies neurologiques chroniques, quelle qu’en soit la cause. L’appareil prétendait pénétrer chaque nerf du corps avec un courant de 80 ampères, ce qui en faisait la ceinture à électrochocs la plus puissante de l’époque. Initialement, elle reçut un soutien enthousiaste, y compris des recommandations de médecins travaillant pour la reine Victoria. Il était même répandu que l’écrivain Charles Dickens avait utilisé le dispositif pour traiter le rhumatisme dans sa jambe, bien que ce traitement allégué n’ait jamais été documenté.
Bien que Pulvermacher soit célèbre comme l’inventeur, l’utilisation de la thérapie électrique le précède. Les archives historiques montrent qu’en 48 avant J.-C., Scribonius Largus, médecin de l’empereur romain Claude, utilisait les décharges électriques provenant des poissons torpilles, également connus sous le nom de raies électriques, pour traiter des affections allant des migraines à la goutte en passant par les hémorroïdes. Au XVIIIe siècle, des scientifiques tels que le physicien italien Giovanni Aldini et l’Américain Benjamin Franklin avaient mené des expériences utilisant des courants électriques pour traiter des maladies mentales telles que la dépression. L’invention des batteries chimiques a permis des avancées significatives dans l’application sûre de l’électricité pour le traitement médical, contribuant à éviter des incidents malheureux comme celui impliquant Robert Roach, qui avait utilisé un appareil électrique fabriqué maison pour traiter les crises de son fils de 16 ans. L’expérience s’est terminée par l’incendie de la chemise du garçon. Avec l’émergence des catalogues de vente par correspondance à la fin du XIXe siècle, qui facilitaient l’achat de divers articles à travers le monde, l’invention de Pulvermacher est arrivée à point nommé, bénéficiant de plusieurs années de succès.
Cependant, avec le temps, la popularité de la ceinture à électrochocs a diminué alors qu’il devenait évident que l’appareil était plus une fantaisie qu’une véritable percée médicale. Les ceintures sont devenues associées à des charlatans qui ont profité de la renommée éphémère de l’appareil, conduisant la communauté médicale à rejeter totalement la ceinture à électrochocs. Pulvermacher lui-même s’est retrouvé impliqué dans une bataille juridique quelque peu embarrassante lorsqu’il a tenté de poursuivre un client pour non-paiement de la ceinture. Le client, nommé Moat et résidant à Oxford, avait initialement accepté de payer par versements. Après avoir souffert de graves maux de tête et n’ayant pas constaté d’amélioration de son état, Moat a retourné la ceinture, demandant un remboursement et une compensation.
Aujourd’hui, bien que les outils clinquants et les publicités exagérées de la ceinture à électrochocs ne soient plus disponibles, la thérapie électrique reste une méthode fiable pour traiter la douleur et l’inflammation. Les techniques modernes, bien que très éloignées des dispositifs ornés de l’époque de Pulvermacher, continuent de s’appuyer sur les principes de traitement électrique qui ont été pionniers avec cette invention controversée.