Beaucoup de personnes gardent des animaux de compagnie pour diverses raisons, telles que la compagnie, la sécurité ou l’assistance dans les tâches quotidiennes. Cependant, certains scientifiques ont adopté une approche différente en étudiant le comportement animal et en réalisant des expériences particulières. L’une des expériences les plus inhabituelles du début du 20e siècle impliquait deux scientifiques éminents qui ont transformé un chat vivant en un téléphone fonctionnel pour explorer les capacités du nerf auditif et tester certaines théories prévalentes sur la perception sonore.

Cette histoire bizarre mais réelle remonte à 1929, lorsque les scientifiques Ernest Glen Wever et son assistant de recherche Charles William Bray de l’Université de Princeton ont mené une expérience sans précédent. Leur objectif était de convertir un chat en téléphone. Pour se préparer, ils ont d’abord anesthésié le chat, puis ont pratiqué une opération pour exposer son nerf auditif en ouvrant son crâne. Ils ont connecté une extrémité d’un fil téléphonique au nerf, l’utilisant comme émetteur, tandis que l’autre extrémité était reliée à un récepteur téléphonique.

Une fois l’installation terminée, l’expérience a commencé. Bray a parlé dans l’oreille du chat pendant que Weaver écoutait à travers le récepteur, à 15 mètres de distance dans une pièce insonorisée. À l’époque, la théorie dominante était que la réponse du nerf auditif était liée à l’intensité du stimulus. Selon cette théorie, lorsque la fréquence sonore augmentait, le nerf s’adaptait à des fréquences plus élevées. Alors que Bray variait la hauteur de sa voix, Weaver détectait des changements correspondants dans le son reçu.

Les résultats de l’expérience ont conduit Weaver et Bray à conclure que la réponse du nerf auditif était effectivement dépendante de la fréquence, validant ainsi la théorie existante. Pour vérifier davantage leurs résultats, ils ont effectué des tests supplémentaires dans différentes conditions. Lorsqu’ils ont placé le fil téléphonique sur d’autres tissus ou nerfs éloignés du nerf auditif, aucun son n’a été reçu. Dans un autre test, ils ont restreint le flux sanguin vers la tête du chat, ce qui a encore une fois entraîné l’absence de transmission sonore. Malgré les critiques des défenseurs des droits des animaux et les accusations de folie, la communauté scientifique a largement ignoré les répercussions. En 1936, le duo a reçu la première médaille Howard Crosby Warren de la Society of Experimental Psychologists en reconnaissance de leur travail pionnier.

Fait intéressant, Weaver et Bray n’ont pas poursuivi d’autres expériences dans ce domaine, mais ont plutôt orienté leur attention vers d’autres projets. Weaver est devenu professeur associé à l’Université de Princeton et a ensuite servi comme Directeur associé de la recherche en ressources humaines pour l’US Air Force pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a également été une figure importante dans la recherche psychologique civile pour le National Defense Research Council et la Marine. Bray, quant à lui, est devenu président du département de psychologie à l’Université de Princeton. Il a collaboré avec le Dr Julius Limbert de l’Institut Limbert de Médecine de l’Oreille pour étudier l’otosclérose—une condition médicale impliquant une croissance anormale des os dans l’oreille entraînant une perte auditive—cherchant des moyens d’amplifier le son pour une meilleure audition. Pendant la guerre, Bray a été consultant pour le National Research Council sur les sous-marins, où il a découvert que les musiciens, quel que soit leur instrument, étaient des opérateurs sonar supérieurs en raison de leur audition sensible.

Bien que Weaver et Bray n’aient pas approfondi cette ligne de recherche, les techniques qu’ils ont développées dans l’expérience du chat-téléphone se sont avérées très bénéfiques. Elles ont jeté les bases du développement des implants cochléaires, des dispositifs qui convertissent les vibrations sonores en signaux électriques que le cerveau interprète, faisant avancer de manière significative le domaine de la science auditive.